Des centaines d’articles de blogs et des milliers de livres survendent une technique de manipulation appelée la synchronisation PNL.
En gros, cette technique magique consisterait à synchroniser vos gestes sur ceux de votre interlocuteur pour capter son attention, vous faire apprécier, voire prendre l’ascendant psychologique sur lui. Par exemple si votre interlocuteur croise les bras, croisez les bras. S’il se touche les cheveux, touchez-vous les cheveux. S’il a un toc de langage, utilisez aussi ce toc.
La mauvaise nouvelle avec la synchronisation PNL, c’est qu’il ne suffit pas de recopier les gestes des gens pour qu’ils vous apprécient et vous admirent. La bonne nouvelle c’est qu’en apprenant la “vraie” synchronisation PNL, pour pourrez :
- Casser facilement la glace lors d’une nouvelle rencontre ;
- Vous faire apprécier plus facilement par des inconnus ;
- Être un “caméléon social” et vous intégrer dans la plupart des groupes ;
OUI, la synchronisation c’est un truc de fou et ça marche, mais NON je ne suis pas d’accord : il ne s’agit pas de recopier bêtement les gestes de votre interlocuteur. Faisons le point ensemble.
1. Pourquoi la synchronisation ça marche si bien ?
Elle permet de faire en sorte que le courant passe “forcément bien” avec votre interlocuteur. Que personne ne se dise “ouais, je n’ai pas trop accroché avec lui”, en parlant de vous. Vous pourrez l’utiliser aussi bien lors de vos rendez-vous professionnels que personnels.
La synchronisation PNL part d’un postulat simple : on apprécie davantage de se retrouver avec quelqu’un qui partage notre manière d’être.
C’est assez intuitif en fait ! Un grand timide sera sûrement très mal à l’aise face à un comique exubérant. Une fille très “tranquille” ne sera sûrement pas super à l’aise en restant une journée avec une personne stressée à l’extrême par tout et n’importe quoi.
Alors ouais, dit comme ça, ça a l’air un peu évident, mais on oublie ce principe 99% du temps. On essaie trop souvent de plaire aux autres en cherchant à se plaire soi-même (on se fait beau ou on essaie de se rendre intéressant). En réalité, ce n’est pas à vous que vous devez plaire, c’est à l’autre en face de vous. C’est pourquoi la synchronisation PNL est si puissante et pas si intuitive que ça.
2. Comment se synchroniser réellement avec quelqu’un ?
Le grand pouvoir d’un mentaliste, c’est de s’intégrer dans un troupeau qui n’est pas le sien. De porter le bon masque, au bon moment. Il ne s’agit ni d’être hypocrite ni de renier vos valeurs. Il s’agit d’être bienveillant et de trouver des axes en commun entre vous et vos interlocuteurs. Il s’agit de gommer chaque différence qui pourrait vous séparer.
L’une des meilleures manières pour bien cerner les gens, c’est de les “simplifier” (j’explique tout dans cet article sur le cold-reading). Chaque personne est unique et complexe mais en simplifiant ses traits de personnalité, on arrive à mieux la comprendre et mieux interagir avec elle.
Pour me synchroniser sur quelqu’un, je décompose mon interlocuteur selon 4 paramètres simples :
- Sa manière d’être : ça correspond par exemple à son degré d’exubérance, à son dynamisme naturel.
- Sa manière de parler : c’est son niveau de langage + la vitesse et le volume de sa voix.
- Son état d’esprit : s’il est plutôt blasé, léger, mélancolique, heureux, etc.
- Ses traits d’esprit : c’est à dire le degré de futilité de ses conversations.
Revenons sur chacun de ces piliers pour vous apprendre à bien maîtriser la synchronisation PNL.
a. Synchronisez la manière d’être
C’est assez simple : par exemple si vous devez parler avec un gars timide, évitez l’exubérance, ça le mettra mal à l’aise. Mettez le masque du timide, ne cherchez pas à forcer la conversation, ne cherchez pas à le détendre à tout prix.
C’est lui, il est comme ça, il est timide. Ce n’est pas une maladie, ce n’est peut-être pas un choix non plus, mais vous n’allez pas le changer en deux minutes. Alors si vous voulez créer un bon contact, vous avez plutôt intérêt à vous synchroniser. Lorsque je “joue au timide” avec un timide, je suis souvent surpris du résultat. Le blocage disparaît, et la personne prend ses aises bien plus rapidement.
Si au contraire votre interlocuteur est du genre grande gueule et braillard, lâchez-vous. Si vous faites le timide, il vous bouffera ou vous ignorera. Les grandes gueules s’apprécient généralement parce qu’elles aiment le répondant. Répondez franchement, assumez-vous, ça marchera.
b. Synchroniser sa manière de parler
Il y a une règle de base très simple : ne soyez pas trop familier avec quelqu’un qui soigne le choix de ses mots. À l’inverse, ne vous retenez pas si le gars parle comme un charretier. Un autre exemple simple à suivre : si votre interlocuteur mange un peu ses mots, faites pareil (“jte dis qu’c’est pas la peine !”).
Au delà de cette technique assez simpliste, il y a un constat intéressant à faire : le langage crée des tribus sociales. Les ado parlent l’ado, les campagnards parlent le campagnard, les hipsters parlent le hipster, etc. On aime bien se retrouver avec des gens qui parlent comme nous et au contraire, on peut se retrouver vite exclu si on ne parle pas le bon langage au bon moment.
Si vous repérez l’utilisation d’un langage caractéristique chez votre interlocuteur, n’hésitez pas à l’utiliser pour vous synchroniser. Mais faites gaffe, vous pourriez avoir l’air très bête. Par exemple les cinquantenaires qui parlent le “d’jeuns” se ridiculisent presque toujours. On ne peut pas intégrer n’importe quel groupe social juste en recopiant ses codes. Si vous vous sentez à l’aise, allez-y ! Sinon, ne prenez pas le risque.
Pour terminer sur la manière de parler : le volume et le débit de parole ont leur importance. On parle vite ou lentement, fort ou doucement parce que ça correspond un peu à notre caractère. Les timides hurlent rarement, les gens speed parlent rarement lentement. En copiant des paramètres vocaux, vous vous synchronisez sur quelque chose de très personnel chez votre interlocuteur.
c. Synchronisez son état d’esprit
L’état d’esprit, c’est un truc assez ponctuel : on est mélancolique à un instant donné, on est heureux à un instant donné, etc. Synchroniser l’état d’esprit de quelqu’un, c’est faire preuve d’empathie. On essaie de récupérer son émotion du moment pour mieux s’entendre avec la personne.
Si le gars en face de vous semble blasé, vous devriez porter le masque “blasé”. Lorsqu’on est un peu ronchon, on n’aime pas trop les gens super heureux qui viennent nous cracher leur bonheur au visage. Au contraire même, on préfère se retrouver avec d’autres ronchons le temps que ça passe.
Un autre exemple. On cherche souvent à rendre plus heureux les gens malheureux. On fait ça par gentillesse mais si vous cherchez à vous synchroniser avec quelqu’un, c’est-à-dire à créer un bon contact, ce n’est pas la bonne stratégie. Au contraire, entrez délicatement dans sa tristesse, sans abuser et sans vous faire mal (il ne s’agit pas de déprimer à votre tour). Ne prenez pas toute sa négativité pour vous, mais soyez conciliant, à l’écoute.
Partagez le truc, ne cherchez pas à l’en sortir brusquement. Qui écoute “hé on fait tourner les serviettes” quand il est triste ? Personne. Quand on est triste, on préfère se créer une petite bulle de tristesse le temps que ça passe, en écoutant des chansons tristes par exemple. C’est la même chose pour les relations sociales.
d. Synchronisez ses traits d’esprit
Là, on entre un peu dans le jugement social. Si vous sentez que votre interlocuteur a envie d’élever le niveau d’une conversation, suivez-le. Si au contraire vous sentez que le moment est propice à la légèreté, arrêtez de vous prendre au sérieux.
C’est souvent un pilier difficile à synchroniser lorsqu’on rencontre quelqu’un, parce que inconsciemment, chacun essaie de synchroniser le “niveau de discussion” sur l’autre. En gros chacun essaie de bien faire en se mettant au même niveau que l’autre, mais du coup ça sonne faux. Mettre les gens à l’aise, les “obliger” à être naturel, c’est un vrai pouvoir.
Le cold-reading et la synchronisation aide à cela : en analysant rapidement quelqu’un, vous saurez immédiatement comment vous comporter pour qu’il soit lui-même. Vous saurez comment lui parler, et comment ne pas lui parler.
En bref sur la synchronisation PNL
Oubliez la synchronisation à deux balles qu’on vous vend depuis 10 ans dans les livres du rayon “psycho” de la Fnac, et apprenez à vous synchroniser pour de vrai avec vos interlocuteurs. Tout est une question d’analyse, d’empathie et de psychologie.
Cette technique a malgré tout ses limites : il est difficile de se synchroniser avec un recruteur ou avec son patron exemple. Les rapports d’autorité, par leur froideur naturelle, vous empêcheront généralement de porter un “masque” psychologique. On subit l’autorité et il est difficile de la manipuler. Le policier, le juge ou le patron jouent un rôle social et leurs costumes aident à créer la différence, et à empêcher la synchronisation (entre autres).
On oublie donc la manipulation sur des rapports de force, mais ça laisse quand même une grosse marge de manœuvre pour vous amuser et faire progresser vos relations.
6 Commentaires
Blablacar
2 avril 2017 à 23 h 17 minJe souhaitais juste partager mon avis sur « Synchroniser sa manière d’être ». Je suis quelqu’un de très exubérant mais j’ai remarqué que je plaisais aux timides. Je me suis rendu compte qu’ils étaient en quelque sorte attirés par moi parce que je suis exubérant. Comme si le fait que je sois décoincé, décomplexé, un peu fou, ça les mettait à l’aise, les amusait. Un peu comme « les contraires s’attirent ». Après certaines personnes ne sont pas timides, mais coincées, et là il faut jouer le caméléon. Voilà, je me suis dit que ça pourrait ajouter un plus à la discussion, c’est tout pour ce soir, salut!
Stéphane
4 avril 2017 à 11 h 53 minHello,
C’est très bien vu ! Il ne faut jamais trop généraliser les relations sociales, c’est toujours une mauvaise idée. C’est difficile à faire lorsqu’on écrit un article qui essaie d’expliquer une règle « un peu générale » mais en pratique, il faut toujours garder en tête qu’il n’y a pas de vérité générale. Si l’Homme était aussi facile à décrypter qu’un vulgaire robot, ça se saurait 🙂
Alors merci beaucoup pour ton commentaire.
Stéphane
MELANIE
9 mai 2017 à 11 h 15 minles relations sociales et plus particulièrement la maîtrise des relations sociales est souvent une affaire de capacité d’adaptation . Ca à l’air simple à dire mais beaucoup moins simple à réaliser parce que la capacité que l’on aura à bien s’adapter dépendra à la fois de nos talents d’observateurs mais aussi d’analyste des personnes que l’on rencontre, le tout sans avoir l’air de décrypter son interlocuteur … c’est un sport à part entière !
MELANIE
3 octobre 2019 à 22 h 05 minles relations sociales et plus particulièrement la maîtrise des relations sociales est souvent une affaire de capacité d’adaptation . Ca à l’air simple à dire mais beaucoup moins simple à réaliser parce que la capacité que l’on aura à bien s’adapter dépendra à la fois de nos talents d’observateurs mais aussi d’analyste des personnes que l’on rencontre, le tout sans avoir l’air de décrypter son interlocuteur … c’est un sport à part entière !
Blablacar
3 octobre 2019 à 23 h 38 minJe souhaitais juste partager mon avis sur « Synchroniser sa manière d’être ». Je suis quelqu’un de très exubérant mais j’ai remarqué que je plaisais aux timides. Je me suis rendu compte qu’ils étaient en quelque sorte attirés par moi parce que je suis exubérant. Comme si le fait que je sois décoincé, décomplexé, un peu fou, ça les mettait à l’aise, les amusait. Un peu comme « les contraires s’attirent ». Après certaines personnes ne sont pas timides, mais coincées, et là il faut jouer le caméléon. Voilà, je me suis dit que ça pourrait ajouter un plus à la discussion, c’est tout pour ce soir, salut!
Stéphane
3 octobre 2019 à 23 h 38 minHello,
C’est très bien vu ! Il ne faut jamais trop généraliser les relations sociales, c’est toujours une mauvaise idée. C’est difficile à faire lorsqu’on écrit un article qui essaie d’expliquer une règle « un peu générale » mais en pratique, il faut toujours garder en tête qu’il n’y a pas de vérité générale. Si l’Homme était aussi facile à décrypter qu’un vulgaire robot, ça se saurait 🙂
Alors merci beaucoup pour ton commentaire.
Stéphane