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Mentalisme

Manipulez les émotions de votre interlocuteur grâce à une simple tournure lexicale

Lors d’un débat, on perd souvent l’estime que nous accordait notre adversaire quand celui-ci n’accepte pas nos arguments. C’est dommage parce que bien souvent on débat avec des gens que l’on apprécie.

Dans la vie quotidienne, il arrive que l’on confronte simplement des idées avec notre entourage et que la discussion mette un froid.

Dans ma vie professionnelle, je devais fréquemment proposer de nouvelles idées à mes clients. Il arrivait que je me trompe du tout au tout face à eux : il fallait que je trouve un moyen rapide de regagner leur estime sans trop en faire non plus.

L’idée, c’est d’utiliser la technique de l’ascenseur émotionnel. J’ai déjà parlé de cette technique (sans l’expliquer concrètement) dans cet article : 6 techniques pour manipuler votre boss pendant un entretien d’embauche avec l’usage de la « peur-soulagement ».

L’ascenseur émotionnel dans notre cas, consistera à perdre factuellement toute l’estime que nous porte notre interlocuteur pour la regagner aussi sec. Je vous donne un exemple.

La semaine dernière, je parlais mentalisme avec un ami magicien (un artiste)… qui se dit aussi mentaliste. Je suis assez médisant en ce qui concerne les magiciens du spectacle qui se proclament mentalistes ! Pour moi, le mentalisme est une discipline para-psychologique et non une discipline artistique. Pendant notre discussion, j’en suis venu à lui dire quelque chose comme :

« Tu sais, je n’approuve pas les gens qui se disent mentalistes parce qu’ils connaissent deux ou trois tours d’illusionnisme. »

Vexé, la discussion a commencé à s’échauffer. Pour calmer le jeu, j’ai utilisé un ascenseur émotionnel.

« Il y a vraiment trop d’escrocs dans tous ces domaines un peu mystiques comme l’illusionnisme, le mentalisme. La magie, pour revenir là dessus, est probablement l’activité la plus honnête dans ce corps de métier. On est magicien ou on ne l’est pas, ça ne s’invente pas. Pour le reste… »

Décomposons cette phrase en 4 temps :

1- Je commence par une affirmation qui l’énervera très probablement à elle seule. Je perds son estime et je m’enfonce dans mon argumentation.

2- Je fais un lien avec son métier. Ce lien, rattaché à l’affirmation précédente, fait penser que je vais critiquer la magie et la classer dans le même tiroir que le mentalisme et l’illusionnisme.

3- Je surprends mon interlocuteur en me contre-disant.

4- Je justifie ma contradiction pour ne pas passer pour une girouette.

En utilisant ce genre de formulation, on sent que le ton change en quelques secondes. Mon interlocuteur, qui s’attendait à une nouvelle épine, a été agréablement surpris par la nuance que je concevais entre les mentalistes illégitimes et les magiciens comme lui. Le débat s’est appaisé et tout ça s’est vite oublié.

Le fait est que nos arguments ne sont pas complètement opposés. Mais il arrive que, utilisant les mauvais mots, les mauvaises nuances lexicales, deux personnes qui débattent ne se comprennent pas sur un point. Cette incompréhension peut causer de sérieux litiges entre eux ! Et pas facile de la réparer avec des tournures naturelles.

Cette technique de l’ascenseur émotionnel permet d’effacer ces disjonctions de point de vue (parfois même des quiproquos) en quelques tournures de phrases bien pensées : « J’énerve mon interlocuteur -> je commence une phrase qui ne laisse aucun doute sur mes intentions -> mais en fait je retourne la situation en allant dans le même sens que mon interlocuteur -> je justifie mon changement de direction pour le rendre plus crédible ».

Cette technique parait compliquée mais ne l’est finalement pas tant que ça. Elle consiste à surprendre votre interlocuteur lors du débat. Surprenez-le en trouvant un versant de ses arguments qui vous convient à minima. Plutôt que d’admettre cet argument « bêtement », placez-le dans une phrase qui surprendra votre interlocuteur.

A propos de la télé, vous y êtes farouchement opposé. Votre interlocuteur en est accro.

« Tu sais, la manipulation est absolument partout autour de nous. Constamment : les publicités dans la rue, à la radio. Puis il y a la télé ! Elle a quand même permis de grandes choses, comme la remise en marché du marché économique grâce à la publicité dans les années 50. C’est évident que l’influence des masses a de bons côtés. »

Décomposons :

Votre interlocuteur s’attend à une nouvelle épine. Finalement non, vous flattez la télévision. Vous trouvez un pan de son argumentation qui vous satisfait et vous l’utilisez à votre avantage pour reconstruire un lien avec lui.

Cette technique est évoluée. Les techniques de manipulation les plus simples ne sont pas toujours les meilleures. J’ai tendance à penser que plus une technique de manipulation est sophistiquée, plus elle est efficace. Celle-la en est la preuve !

16 Commentaires

  • Lucas
    4 juillet 2011 à 18 h 43 min

    Tout simplement magique! (mauvaise blague. ^^)
    Sérieusement, c’est une très bonne technique mais en faut-il avoir la présence d’esprit de construire ce genre d’argument. Pas impossible pour autant, c’est à travailler 🙂

    A très bientôt
    Lucas

    • Félix Boussa
      4 juillet 2011 à 21 h 14 min

      Hello Lucas,

      Bien vu ! 😉
      Tu as raison, il faut avoir la présence d’esprit de construire des argumentations basées là dessus, c’est un coup de main à prendre. Il suffit d’y penser, de chercher un exemple, et la tournure vient d’elle même si on a bien compris.

      A bientôt,
      Félix

  • Lucas
    5 juillet 2011 à 11 h 18 min

    Exact, il suffit de se dire « je donne mon point de vue, je me contredit mais pas complètement et j’explique la nuance » 🙂 je vais m’entraîner.

    A bientôt
    Lucas

  • Romain (Décodeur)
    5 juillet 2011 à 11 h 54 min

    L’exemple de la télé est tout simplement bluffant. Je discutais hier de l’affaire DSK avec un ami journaliste. Étant un adepte de la diète médiatique, j’ai souvent du mal à lui faire passer cette idée de bourrage de crane du public. La prochaine fois, j’essaierai d’utiliser cette approche lexicale ! Une question tout de même Felix. Mis à part l’avantage de recréer un lien avec son interlocuteur, est-ce que selon toi, cette technique pourrait également permettre de marquer des points dans son argumentation et mieux faire passer ses idées ?

    • Félix Boussa
      6 juillet 2011 à 8 h 39 min

      Hello Romain,

      Bien sûr, cette technique peut te servir à appuyer tes arguments; c’est un effet collatéral de l’ascenseur émotionnel.
      En plus de resserrer les liens avec ton interlocuteur, tu lui donnes la possibilité d’acquiescer ton jugement facilement. Personne n’apprécie de devoir avouer, au cours d’un débat, que les arguments de son adversaires sont « très recevables » (voire partagés) quand la discussion s’est un peu échauffée. Question d’égo je suppose.
      En utilisant l’argumentaire de ton interlocuteur, tu lui tends une perche : « j’utilise _tes_ arguments pour défendre _mon_ point de vue, alors ravale ton égo, et accepte ce que je dis ! ». Beaucoup de gens se laissent avoir par cette technique.

      Merci pour ton commentaire,
      Félix

  • Marvin
    8 juillet 2011 à 2 h 18 min

    Bonjour,
    Je le fesait souvent sans m’en rendre compte, mais a défault d’être sûr, il suffit de savoir manipulé les mots en sa faveur, dans l’exemple de la télé, la chose qui deplait c’est le fait que les média manipule et pour surprendre son interlocuteur il reprend en disant que le télé a servie a beaucoup de bonne chose, ce qui donne l’impression que l’interlocuteur a raison, mais en fin de compte il continu tout de même a dire que les publicités donc la télé manipule.
    L’interlocuteur ne peux que être d’accord avec cette version, donc d’accord sur le point de vue du départ…
    J’ai une question, je suis en cuisine et je débat avec mon chef, je vous donne une situation précise pour l’exemple, nous débatons, car il me dit que je suis trés physiologue je lui demande pourquoi me dit il sa, il me répond que je suit trés observateur, je lui demande par ce que tu pense que physiologue veux dire observateur ? il repond mouai tu crois que sa veux dire quoi ? je lui répond: si tu sait ce que sa veux dire pourquoi tu me demande ce je pense. Tant bien que mal, il répond: qu’il ne veux pas mon avis mais juste savoir si je sait ce que ce mot veux dire.Le débats commence, lui qui a 30 ans a t’il besoin de l’avis d’un jeune qui 18 ans, une situation que etait trés genante pour lui a ce que j’ai remarquer, le debats durer depuis 5 min, je me contenter de reprendre c’est justification de les manipulé a ma maniére ou tout simplement de rajouter un point d’interogation, jusqu’au moment ou j’ai mimer ces jeste, et la il a litéralement dit ce que je voullais l’entendre dire, c’est a dire je te demande sa pour savoir ce que tu pense du mot physiologue, au moment ou il ma dit sa, je rétorquais, enfaite tu sait pas ce que sa veux dire, c’est pour que tu ma demander ce que j’en pensais et sa ce n’est pas une question mais une affirmation, sa réponse a étè vas y tu rend fou!!!
    Pourriez-vous éxpliquer en détail ce qui a déterminer le fait qu’il ai dit mot pour mot ce que je voullais entendre, ou décompser comme vous avez peut le faire? je vous remercie d’avance.

    A bientôt,
    Marvin

    • Félix Boussa
      8 juillet 2011 à 9 h 14 min

      Hello Marvin,

      D’après ce que j’ai compris, tu as cerclé les arguments de ton interlocuteur qui étaient d’ores et déjà basés sur un mensonge (« oui, je sais ce que ça veut dire, bien sûr que je sais ! »). Petit à petit, son mensonge s’est fait écraser par tes arguments à toi, tes tournures lexicales un peu poignantes et agressives, pour finalement ne lui laisser aucune solution. Il a du admettre, se résigner.
      C’est un type de manipulation. Il est assez agressif dans le sens où ton objectif est de réduire à néant les bases mensongères de l’argumentation de ton interlocuteur. Félicitation !

      Au plaisir de te retrouver sur le blog,
      Félix

  • alain
    8 juillet 2011 à 12 h 58 min

    ca s’appelle la pirouette.

  • Marvin
    8 juillet 2011 à 14 h 44 min

    je vous remercie pour la réponse que vous m’avez apporté, des félicitation de votre part me flatte beaucoup, habituellement je ne suit pas si agressive, appart si quelque chose le justifie, j’etais vraiment agasser, je me suis retrouver dans un restaurant insalubre, tout simplement pour essayer de sauver mon cap, sa fesait deja le deuxieme chef incompétant qui se presenter a moi en trois mois, il se comporter comme si il était le dieux de la cuisine, me prener comme inférieur, ayant une femme et des enfants il voyait une autres femme, c’etais quelqu’un de simpler, sa façon d’être avec moi et son entourage, je vous l’accorde, je n’aimais pas du tout, trop de gens comme lui m’on piétiner, de plus a ce moment il tante de me prendre pour un ****, sur ce que j’aime le plus, j’ai vraiment pas apprécier, il fallait que le remette a sa place, mais je vous rassure j’ai su faire en sorte que sa reste amicale par la suite, en me dirigeant sur des conversation ou nous étions d’accord. Je me justifie sans que vous me le demandiez, j’en ai conscience, par ce que je parts du principe que quelque chose qu’on utilise pour faire du mal pour être utiliser pour le bien, par le mot agressive j’y trouve une certaine mechansté, ne vous m’éprener pas c’etais simplement de la défence.Pour les tournures de phrase j ai pris cette fason de faire par un livre sur l’hypnose, il me semble que c’est le méta-modéle, excusez mon incertidue le livre fait 700 pages, il suffit de reprendre les phrase ou un simple mot d’y placer un silence ou prendre le ton d’une interogation, ce qui fait forcement aprofondir, puisque il ment, ceci lui etait impossible, votre avis m’apporte beaucoup sur ce qu j’ai pu en analyser j’usqu’a aujourd hui, je trouve que ce dont vous parlez ressemble a peu ce chose prés au méta-modéle que j’ai pu connaitre 🙂 Je vous remercie pour ces précieuse explications !

    Un plaisir que je partagerais volontier.
    Marvin.

  • Gwen
    27 juillet 2011 à 13 h 50 min

    Bonjour à tous.

    Pour parler de ton post Romain et de ta réponse Félix, je trouve dans l’ascenseur émotionnel présenté ici quelques techniques redoutables pour altérer le point de vue de son interlocuteur et l’amener à penser comme nous.

    En fait, en proposant une phrase si bien tournée, tu profite en premier lieu d’un effet « Peur-soulagement » (il m’agresse encore ! Ah non…).
    Puis, tu rejoints le point de vue de ton interlocuteur (visiblement en tout cas) ce qui l’amène à croire, même inconsciemment, qu’il t’a influencé, il devient alors plus sujet à tes influences.
    Ensuite, plutôt que de continuer à cibler tes arguments contre lui, tu les recibles vers des… disons « reflets » de ce qu’il défends mais dont tu l’extrais (dans le cas du magicien c’est limpide).
    Ainsi il ne se sent plus menacé. Mieux, il ressent que l’agressivité qu’il a subit précédemment est due aux « reflets » que tu as ciblé et rejoindras donc facilement ta cause, qu’il combattait il y a 2 minutes mais en étant persuadé d’en être exclus.

    J’aime observer l’effet de ces « formules magiques » en abordant le sujet dont il était question quelques jours après, parfois c’est comique ou impressionnant !

    A bientôt et merci pour vos blogs.
    Gwen

    • Félix Boussa
      27 juillet 2011 à 16 h 40 min

      Bonjour Gwen,

      C’est bien résumé, la technique est exactement celle là.
      Content que l’article te plaise,

      Félix

  • Kevin Imbrechts
    25 septembre 2011 à 14 h 04 min

    Salut all,
    En fait je me rends compte que j’utilise cette technique assez souvent sans m’en rendre compte.
    Merci pour cet article

  • Nicilis
    6 août 2012 à 14 h 35 min

    Bonjour,

    Je ne sais pas trop comment introduire ce que je vais demander.
    Enfin voila, est-ce que tu penses que cette technique peut être utilisé (combiné bien entendu avec la technique peur-soulagement) sur la personnalité et les émotions d’une personne ?
    Prenons un exemple courant : Une personne qui manque de confiance en elle.
    -Tes premières phrases seraient de la plonger dans la déprime en attaquant ce manque de confiance en elle. La personne se retrouverait soit dans une colère folle si je l’ai mal présenté évidemment. Mais si je l’ai bien présenté, elle serait juste très « triste », voir vraiment « déprimé » n’est-ce pas ?
    -Ma seconde phrase serait à rattacher mes premières à sa personnalité explicitement ?
    -Quant à ma troisième, ce serait de la rassuré voire de se présenter en tant que « sauveur » à son problème de confiance en elle.

    Si cela fonctionne, penses-tu que la cible nous apprécie davantage parce que nous lui avons remonté le moral ou que nous nous présentons justement en tant que solution à son problème ?

    Je ne sais pas si j’ai été très clair, merci d’avance pour la réponse =)

  • Angel
    3 septembre 2013 à 5 h 11 min

    Bonjour Felix tout d’abord tu vas bien jespere ?! Ensuite Wouaaw impressionnant ton « Manuel Du Parfait Mentaliste », je savai déjà quelque truc mais pas autant. Merci vraiment, j’ai hâte de lire le reste. 🙂

  • Thomas
    13 décembre 2013 à 18 h 31 min

    Bonjour tout le monde
    Technique que j’approuve , souvent utilisé avec subtilité elle est tés efficace, mais attention, comme les techniques de manipulation par les gestes, utilisé trop fréquemment, votre interlocuteur aura l’impression que vous n’êtes pas sincère, ou même comprendra que vous la manipulé, bref , comme toute bonne choses, à utiliser avec modération 😉

  • jim
    3 janvier 2014 à 15 h 29 min

    Bonjour à tous,
    C’est marrant de voir toutes ces techniques expliquées d’une manière « mécanique »,
    je me rend compte que j’en utilisais sans trop m’en apercevoir, notamment « l’ascenseur », lors de petites prises de tête avec des amis pendant lesquels j’ai pris l’habitude de les flatter pour leur parler plus facilement des choses qui me « gonflaient » dans leur comportement, et à chaque fois ça marche, un petit compliment et hop la personne est plus à l’écoute… merci pour la mise en lumière de ces choses que l’on peut avoir du mal à décoder !

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